Amaranthaceae :

Anabasis aretioides Coss. & Moq. ex Bunge

= Fredolia aretioides Coss. & Dur. [Ozenda]

Slaa | | | Achelnoud | Chou-fleur de Bou-Hamama

Détermination

L'Achelnoud, le "chou-fleur de Bou Hamama" est la plante la plus bizarre du Nord-Ouest du Sahara. En période aride, ses boules dures et compactes, d'un vert-grisâtre, sont souvent les seules plantes qui subsistent sur d'immenses étendues. L'intérieur de la plante est composé par des rameaux étroitement imbriqués, les interstices entre les rameaux étant remplis de sable. La surface de la plante est occupée par des petites feuilles coriaces et piquantes.

2017/04/18 - Gourrama (gps : 32.3205, -4.0038) Les années où il a plu, des tapis d'annuelles peuvent occuper provisoirement l'espace laissé libre entre les pieds d'Achelnoud (ici Stipellula capensis).
2018/04/02 - N10-Meski-Boudnib (gps : 31.9424, -4.0786) La racine d'Achelnoud est un pivot qui plonge droit dans les profondeurs du sol.

Répartition au Sahara

L'Achelnoud occupe d'immenses espaces de regs et de hamadas à des altitudes comprises entre 900 et 1400m. C'est une plante qui caractérise le Nord-Ouest du Sahara.

L'Achelnoud peut supporter des périodes hyper-arides d'une ou plusieurs années, mais il peut aussi supporter les rigueurs d'hivers froids avec de nombreuses gelées nocturnes. Il occupe donc une zone intermédiaire entre au nord l'Alfa (qui a besoin de pluies annuelles) et au sud l'Acacia raddiana (qui ne supporte pas les hivers froids).

L'Achelnoud vit dans des zones dépourvues de nappe phréatique, sur des sols horizontaux et poreux où l'eau ne ruisselle pas mais s'infiltre. Sa racine pivot s'enfonce dans le premier mètre du sol et lui permet alors de profiter au maximum des maigres pluies au fur et à mesure que l'eau pénètre dans le sol.

Dans une zone donnée, tous les Achelnoud ont à peu près la même taille, entre 20 et 40cm de diamètre. Les très vieux individus peuvent atteindre 80cm de diamètre et sont rares. On rencontre des zones où tous les Achelnoud sont morts et desséchés, sans doute à la suite d'une période aride trop prolongée. On rencontre aussi des zones où tous les Achelnoud sont nécrosés sur leur face nord, sans doute à la suite de gelées nocturnes exceptionnellement fortes.

Nous n'avons que rarement rencontré de jeunes individus et alors seulement dans des dayas ou des fossés.

On peut donc penser que la reproduction de l'Achelnoud n'intervient que rarement à l'occasion d'une série d'années plus pluvieuses que d'ordinaire, mais que lorsque les conditions sont favorables la reproduction est massive et permet à l'Achelnoud d'occuper tout l'espace disponible.

2015/01/06 - Reg entre Bouarfa et Figuig (gps : 32.0980, -1.2356)
2017/11/14 - Reg sablonneux sur hamada - Aoufous (gps : 31.8605, -4.0679)
2017/11/16 - Piste-Boudnib-Merzouga (gps : 31.4432, -3.7210) L'Achelnoud peut aussi s'installer dans les fissures de la hamada.
2017/10/31 - Kadoussa (gps : 32.1497, -3.8096) Rare station où l'Achelnoud s'est installé sur une face rocheuse dans des conditions limites : les pieds sont desséchés et moribonds.
2018/05/10 - Amellagou (gps : 32.0305, -4.9400 - altitude : 1390m) Vers le Nord, l'Achelnoud occupe les premières pentes du Haut-Atlas et pénètre dans les hauts plateaux de l'Oriental. On peut y voir un signe de la progression du désert vers le nord suite aux changements climatiques.

Tiges / Feuilles

2015/01/04 - Bouarfa-Figuig Les feuilles sont opposées par deux et terminées par une petite pointe dure.
2016/11/05 - BoudnibReg (gps : 31.9680, -3.4224) L'Achelnoud est un petit arbre dont les parties cellulosiques peuvent être attaquées par les termites.
2015/01/04 - Bouarfa-Figuig Sur cette photo prise un 4 janvier à 10h30 du matin on voit que le givre n'a pas encore fondu sous l'effet des rayons du soleil.
2018/05/21 - N10-Boudnib-Bouanane (gps : - altitude : 900m) Dans cette zone tous les pieds sont nécrosés sur leur face nord, sans doute à la suite d'une gelée nocturne exceptionnellement forte.

Boutons / Fleurs

Fruits / Graines

L'Achelnoud ne fleurit pas au printemps, mais à l'automne. Les fleurs ont un calice composé de cinq sépales membraneux dont la couleur varie du jaune-verdâtre au brun-pourpre.

2018/09/23 - Boudnib-jardins (gps : 31.982, -3.659 - altitude : 1000m)
2016/09/29 - Kadoussa
2016/09/29 - Kadoussa
2017/10/28 - Bouanane-Bouarfa (gps : 32.3461, -2.2515)

Intérêt pastoral

2017/11/26 - Gourrama (gps : 32.3280, -4.0252)
2017/11/26 - Gourrama (gps : 32.3280, -4.0252) Les Achelnoud ne sont guère comestibles, même si en période de famine les chèvres peuvent s'user les dents à essayer d'en racler les feuilles.

Usages ethnobotaniques

2017/11/14 - Aoufous (gps : 31.8605, -4.0679) En l'absence d'autre ressource en bois de feu, les nomades dessouchent à la pioche les vieux pieds secs d'Achelnoud.
2017/11/14 - Aoufous (gps : 31.8605, -4.0679) Les tiges prises dans une gangue de sable et de poussière brûlent en dégageant plus de fumée que de flammes, mais cela suffit pour faire bouillir l'eau du thé.

Références botaniques

[Extrait de la "Flore de l'Afrique du Nord" de R. Maire]

Anabasis aretioides Moq. et Coss.

A, Plante fleurie; E, Plante fructifère; C, Feuilles; D, Sommité fleurie d'une tige; E, Fleur fermée; F, Fleur étalée; G, Anneau staminal et nectaires (vue de côté); H, Etamine (face interne); I, Anneau staminal et nectaires (vue de dessus); J, Sépales; H, Graine (section longitud.); L, Akène (vue de dos); M, Akène (section longitud.); N, Calice fructifère.

Plante vivace. Sous-arbrisseau nain, formant des coussinets très denses, incrustés de sable, fortement convexes ou hémisphériques, pouvant atteindre 1 m diam., glauques-blanchâtres. Racine pivotante, très profonde, ligneuse, noire, relativement grêle, se terminant au sommet en une souche très rameuse, à branches épaisses, couvertes d'un rhytidome brun noirâtre, fissuré, peu épais.
Rameaux très nombreux, très serrés, contigus, dressés ou ascendants, les externes étalés, cylindriques, 2-4cm long., simples ou rameux, à entrenœuds très courts, complètement soudés aux bases connées des feuilles et cachés par les bases des feuilles sous-jacentes, noyés dans la laine axillaire.
Feuilles très nombreuses, très serrées, presque imbriquées, opposées-décussées (de sorte que les rameaux feuillés sont tétragones), 4-7x1-3 mm, ± étalées ou récurvées, ovales-lancéolées, subdeltoïdes, ± trigones dans leur jeunesse, planes ou un peu concaves en dessus, convexes en dessous, à bases dilatées, soudées en cupule à marge subscarieuse, très brièvement ciliolée, charnues-coriaces, glabres sauf à la base, glauques-blanchâtres, devenant ± blanches par la dessiccation, subobtuses et pourvues au sommet d'un mucron calleux, spinescent, jaunâtre et fragile; laine axillaire blanche, abondante, un peu saillante. Structure anatomique de la feuille dans sa partie libre  : épiderme externe à cellules un peu bombées-papilleuses, à stomates enfoncés; puis un hypoderme à 1-3 assises collenchymateuses et une assise interne de cellules beaucoup plus petites, à parois minces, dont quelques-unes contiennent une mâcle d'oxalate calcique; puis une assise de chlorenchyme palissadique à cellules assez allongées; puis une assise de cellules subpalissadiques, presque cubiques, amylifères; puis un parenchyme aquifère s'étendant jusqu'à l'hypoderme interne et présentant d'assez nombreuses cellules contenant une énorme mâcle d'oxalate; ce parenchyme englobe la nervure unique et le réseau des nervilles, appliqué contre l'assise subpalissadique; hypoderme interne formé d'une seule assise collenchymateuse; épiderme interne non papilleux. Dans la partie engainante de la feuille l'épiderme est plus fortement papilleux et l'hypoderme collenchymateux plus épais.
Fleurs ♂♀, protandres, pourvues de 2 bractéoles, solitaires et sessiles à l'aisselle des feuilles supérieures des ramules, où elles forment un fascicule pauciflore (ordinairement 35-flore).
Bractéoles bien,<= fleur, lancéolées, ≈ 2 mm long., herbacées au milieu avec de larges marges scarieuses, aiguës avec un mucron calleux, court, ± concaves en dedans, convexes, non ou à peine carénées en dehors, à laine axillaire aussi longue qu'elles.
Périanthe à l'anthèse oblong, à 5 sépales dressés, ≈ 3 mm long., papyracés, libres, lancéolés ou ovales-lancéolés, aigus, glabres, blanchâtres, à marges non laineuses à la base, portant sur le dos, au-dessus de la base, une carène transversale, et au-dessus de celle-ci une tache verdâtre à peine marquée.
Etamines 5, insérées sur un disque cupulaire, membraneux, glabre, portant dans les espaces interstaminaux des staminodes ovales-arrondis, lisses ou à peine papilleux et non épaissis au sommet; filets rubanés, blancs, non élargis à la base, un peu atténués et ± tronqués au sommet après la chute de l'anthère; anthères ≈ 1,25-1,5 mm, jaunes, exsertes, oblongues-sagittées, bifides à la base jusqu'au-dessous du milieu, à connectif prolongé en apicule aigu ou obtusiuscule.
Ovaire ovoïde, non papilleux, atténué en un style court, portant 2 longs stigmates subulés, papilleux sur la face interne, dressés, non ou peu divergents. Ovule porté par un funicule allongé, à micro pyle infère.
Périanthe fructifère accrescent, à sépales ± parcheminés, portant tous vers le milieu du dos une aile transversale, membraneuse, étalée, purpurascente, légèrement striée en éventail ; ailes ordinairement inégales, suborbiculaires ou obovales, à marge entière ou légèrement sinuée, formant une couronne de ≈ 5 mm diam., ± purpurascente; ailes des sépales postérieurs souvent peu développées.
Fruit ± exsert, ové-subglobuleux, comprimé dorsalement, ≈ 2,5 mm long., apiculé par le style persistant j Péricarpe membraneux-subcharnu, facilement séparable de la graine, glabre, vert jaunâtre.
Graine verticale, sublenticulaire, à tégument membraneux; embryon vert, enroulé en escargot; radicule infère, ascendante, atteignant presque le milieu de la graine. Floraison  : août-novembre.
Milieux  : Pâturages désertiques rocailleux et graveleux. Commun dans le Sud Oranais jusque vers Beni-Abbès. Commun dans le Maroc désertique oriental au pied Sud de l'Atlas saharien et du Grand Atlas oriental jusqu'à l'Ouest de Tinghir. Sahara occidental  : Hamada du Drâa et jusqu'à une centaine de kilomètres au Sud de Tindouf.
Aire géographique  : Endémique.